Page Précédente

Le gouvernement irakien condamne l'incursion turque dans le nord


Mardi 26 février 2008 à 14h10

BAGDAD, 26 fév 2008 (AFP) — Le gouvernement irakien a condamné mardi l'incursion turque dans le nord du pays, estimant que cette action militaire constituait une violation de la souveraineté de l'Irak.

"Lors d'une réunion aujourd'hui, le cabinet a fait part de son rejet et de sa condamnation de l'incursion de l'armée turque qui est considérée comme une violation de la souveraineté de l'Irak", a indiqué le gouvernement dans un communiqué diffusé par son porte-parole Ali al-Dabbagh.

L'armée turque mène depuis jeudi soir une opération dans le nord de l'Irak contre les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui utilisent cette région comme une base arrière pour leurs opérations en Turquie.

M. Dabbagh a estimé que "l'action militaire turque unilatérale était inacceptable et qu'elle menaçait les bonnes relations entre les deux pays voisins".

Il a cependant ajouté que Bagdad était prêt à aider Ankara contre le PKK.

"Le gouvernement souhaite honnêtement coopérer avec la Turquie pour arrêter cette menace du PKK à laquelle la Turquie et l'Irak doivent faire face", a-t-il dit.

Il a répété que Bagdad ne permettrait à aucun groupe d'utiliser son territoire comme base pour mener des attaques à l'étranger.

Dimanche, Bagdad avait demandé à Ankara de retirer ses troupes "le plus tôt possible" de la région, dénonçant une atteinte à la souveraineté de l'Irak.

Les troupes turques étaient engagées mardi dans de violents combats avec les rebelles kurdes alors qu'elles tentaient de prendre le contrôle d'un de leurs camps, situé à six kilomètres de la frontière turque.

Des membres des forces armées kurdes de la région autonome du nord de l'Irak ont déclaré que des combats intenses se poursuivaient sans interruption depuis dimanche soir autour du camp de Zap, que les troupes turques soutenues par des tirs d'artillerie et une couverture aérienne s'efforçaient de conquérir.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a estimé mardi que son pays, en lançant cette opération militaire, avait fait usage de son "droit légitime à l'autodéfense" contre les rebelles kurdes.

La Turquie a indiqué qu'elle retirerait ses troupes aussitôt leur mission achevée mais n'a pas donné d'échéance.

M. Erdogan a fait valoir que la présence du PKK était aussi une menace pour Bagdad et a donné de nouvelles assurances que l'action militaire de la Turquie n'avait pas d'autre but que de combattre les rebelles.

Au moins 153 rebelles kurdes et 17 soldats turcs ont été tués jusque là, selon l'armée turque.

Le dernier bilan fourni par le PKK faisait état d'au moins 81 soldats et de trois rebelles tués.

Ankara estime à environ 4.000 le nombre de rebelles retranchés dans le nord de l'Irak. Le conflit kurde en Turquie a fait plus de 37.000 morts depuis le début en 1984 de l'insurrection du PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les Etats-Unis.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.