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Militantes kurdes tuées à Paris: la porte s'ouvre à de nouvelles investigations


Vendredi 28 avril 2017 à 20h05

Paris, 28 avr 2017 (AFP) — Le parquet antiterroriste a ouvert une nouvelle enquête sur l'assassinat de trois militantes kurdes à Paris en 2013, une affaire où le seul suspect est mort en prison et où les services turcs ont été mis en cause, a appris l'AFP vendredi de sources proche du dossier et judiciaire.

Mort fin 2016 à 34 ans d'une tumeur au cerveau, le Turc Omer Güney n'a pu être jugé pour ces assassinats. Il devait comparaître devant la cour d'assises spéciale à Paris à partir du 23 janvier, accusé d'avoir tué le 9 janvier 2013 les militantes kurdes Sakine Cansiz, fondatrice du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), Fidan Dogan et Leyla Saylemez dans les locaux du Centre d'information du Kurdistan (CIK) à Paris.

En février, les familles des militantes ont déposé une nouvelle plainte avec constitution de partie civile contre les complices et co-auteurs de ces assassinats, en souhaitant de nouvelles investigations. Depuis cette plainte, susceptible de se heurter à l'extinction de l'action publique en raison de la mort de Güney, les avocats des familles ont fait parvenir au parquet antiterroriste des documents en langue turque, ont expliqué à l'AFP des sources proches du dossier.

L'enquête préliminaire a été ouverte pour permettre dans un premier temps la traduction de ces documents, a indiqué une source proche du dossier. Elle a été ouverte mercredi et confiée à la Sous-direction antiterroriste (SDAT) de la police judiciaire pour les crimes d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroristes criminelle, a précisé une source judiciaire.

"C'est un grand soulagement pour les familles. Ca veut dire que les investigations pourront se poursuivre", a réagi l'un des avocats des familles, Me Antoine Comte, contacté par l'AFP.

Si Omer Güney, qui clamait son innocence, était le seul accusé, les enquêteurs avaient pointé "l'implication" de membres des services secrets turcs, le MIT, dans ce triple assassinat, sans désigner de commanditaires.

Les investigations n'avaient pas permis d'établir si ces agents avaient agi "avec l'aval de leur hiérarchie" ou "à l'insu de leur service afin de le discréditer ou de nuire au processus de paix", entamé à l'époque entre Ankara et le PKK, avait indiqué une source proche du dossier.

Des médias turcs avaient notamment diffusé un document présenté comme un "ordre de mission" du MIT pour Omer Güney.

Le MIT avait officiellement démenti toute implication en janvier 2014.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.