Condoleezza Rice en Irak pour encourager le processus politique

dimanche 15 mai 2005, 21h12
Bagdad (Reuters) - Condoleezza Rice a rencontré le Premier ministre irakien Ibrahim Djaafari, au cours d'une visite surprise destinée à encourager le "processus politique" pour mettre fin à l'actuelle recrudescence de la violence dans le pays.
Les attaques des insurgés ont fait plus de 400 morts depuis la formation du nouveau gouvernement, fin avril, et les autorités irakiennes ont annoncé dimanche la découverte des corps de 34 hommes tués par la guérilla, dont 10 policiers.

"Nous combattons un groupe de terroristes particulièrement coriaces, qui semblent déterminés à bloquer les progrès du peuple irakien", a déclaré la secrétaire d'Etat américaine au cours d'une conférence de presse commune avec Djaafari.

Rice, arrivée dans le plus grand secret à Erbil, ville du Kurdistan irakien située à 350 km au nord de Bagdad, a rencontré dans la ville voisine de Sallahadine le dirigeant kurde Massoud Barzani, puis s'est rendue à Bagdad.

Le chef de la diplomatie américaine s'y est entretenue avec plusieurs hauts responsables irakiens, dont Ibrahim Djaafari, insistant sur la nécessité d'accélérer la formation des forces de sécurité irakiennes, devenues des cibles régulières de l'insurrection.

34 CORPS RETROUVES, CERTAINS MENOTTES ET DECAPITES

Dimanche encore, quatre officiers de police et deux civils sont morts dans deux attentats suicide perpétrés à Bakouba, dans le triangle sunnite, contre le convoi du gouverneur de la province de Diyala. Raad Rashid en est sorti indemne.

Les autorités ont par ailleurs retrouvé en divers points du pays les corps de 34 personnes, dont 10 soldats irakiens, exécutés par la guérilla et, pour certains, menottés et décapités.

Dans l'est de Bagdad, des hommes armés ont tué Kassim al Gharraoui, membre du clergé chiite et représentant local de l'ayatollah Ali al Sistani, ajoutant aux craintes d'une ethnicisation de la guerre civile, principalement menée par des insurgés sunnites.

Le conseiller américain à la sécurité nationale Stephen Hadley a expliqué que le voyage de Condoleeza Rice avait notamment pour but d'apaiser ces rivalités religieuses. Mais les journalistes qui accompagnaient la secrétaire d'Etat n'ont pas eu connaissance d'une rencontre avec des dirigeants sunnites.

Les insurgés ont par ailleurs enlevé dimanche deux chauffeurs, dont un Palestinien, donnant à leurs employeurs étrangers 24 heures pour cesser leurs activités dans le pays, selon une vidéo diffusée par Al Arabiya.

"L'insurrection est très violente, mais on ne défait pas les insurrections seulement (...) par des moyens militaires, mais en présentant une alternative politique forte", a commenté Rice face aux journalistes qui l'accompagnaient.

LES SUNNITES DOIVENT PARTICIPER A LA CONSTITUTION

Rice a salué les efforts de reconstruction, mais a également insisté sur le respect des prochaines échéances du calendrier politique, qui prévoit l'élaboration d'une constitution avant le 15 août et de nouvelles élections en décembre prochain.

La secrétaire d'Etat a minimisé les marchandages et tractations politiques qui ont retardé durant trois mois la formation du gouvernement de Djaafari, se déclarant au contraire surprise que les dirigeants irakiens aient pu s'entendre si vite.

"Les choses n'arrivent pas du jour au lendemain. Nous sommes devenus des gens très impatients. Mais l'Irak émerge seulement d'un long cauchemar, et découvre la liberté après la tyrannie", a-t-elle poursuivi.

Rice a par ailleurs appuyé la volonté de Djaafari, qui souhaite faire de l'élaboration de la constitution un "processus inclusif" et entend impliquer autant que possible des sunnites marginalisés par le scrutin du 30 janvier dernier.

"Si l'Irak doit rester rester uni à l'avenir, alors les sunnites doivent participer au processus de transition de la même façon qu'ils ont été inclus dans ce gouvernement", a plaidé la secrétaire d'Etat interrogée par la chaîne américaine CNN.

Des mesures de sécurité extrêmes ont été prises pour cette visite, la première en Irak d'une personnalité américaine de ce rang en Irak depuis la formation du gouvernement le 28 avril.

Djaafari n'a lui-même été prévenu de la venue de Rice que vendredi et, à Washington, seuls une douzaine de hauts fonctionnaires du département d'Etat étaient au courant du déplacement avant son départ.

Même l'équipage de l'avion militaire qui l'a acheminée au Kurdistan à partir du Qatar a dû attendre, pour connaître l'identité de la passagère, que celle-ci monte à bord avec ses gardes du corps.